D’un côté vous avez Didier Findinier. Depuis 1987, il cultive des céréales en agriculture biologique, des variétés anciennes pour leur caractère rustique et pour leurs qualités nutritives. En juin 2021, Didier implante un couvert végétal varié et riche en semis direct (sorgho fourrager, radis chinois, féverole, trèfle de perse, tournesol, phacélie) pour améliorer les qualités agronomiques de son sol, d’une part par la structure grâce aux systèmes racinaires, et en apportant de l’azote avec les légumineuses. Ce couvert s’est très bien développé et a produit une importante biomasse végétale (photo).
De l’autre côté, vous avez Richard Pichonnier. Il élève des moutons de races boulonnaise et Suffolk à quelques kilomètres de là, à Zoteux. Il est toujours à la recherche de ressources fourragères de qualité qui soient pâturables, c’est pourquoi il essaye chez lui de nouveaux mélanges de fourrages.
Un jour, les deux agriculteurs se rencontrent et ont une idée : pourquoi les moutons de Richard ne viendraient-ils pas brouter le couvert végétal de Didier ? Après quelques réunions pour décider ensemble du mélange à pâturer et du mode de pâturage, ce ne sont pas moins de 113 puis 151 brebis qui se sont installées le 6 septembre pour se régaler de cette végétation exubérante. Elles y ont passé 3 à 5 par parcelle d’un hectare.
Le pâturage a permis une très bonne destruction de ce couvert sans mécanisation, en nourrissant les brebis et en engraissant le sol avec les déjections. Le blé qui y a ensuite été semé pousse très bien, la structure du sol a été très fortement améliorée, avec un bon réessuyage. Et ça grouille déjà de vers de terre ! (photo)
Le succès de l’opération en 2021 convainc les deux agriculteurs de la relancer en 2022. La première parcelle choisie est une prairie temporaire : le 15 mars, une fois que le sol semblait suffisamment réessuyé pour bien porter les brebis, Richard y a amené une brigade de 100 brebis pour raccourcir la végétation, ralentir la croissance de certaines adventices et engraisser le sol avec leurs crottins.
C’est un pari réussi ! Après six jours, la végétation est bien raccourcie tout en restant vigoureuse et bien implantée. Les adventices les plus précoces (comme les moutardes sauvages et les rumex par exemple) ne dépassent plus de l’ensemble et le sol n’est pas abimé par les sabots ! Les bêtes ont ensuite été mises le 23 mars dans une parcelle de blé ancien. Les objectifs sont les mêmes que dans la prairie : raccourcir les pieds de blé avant que le futur épi ne soit haut et pour avoir une culture et une récolte plus abondante et régulière. Les brebis ont ainsi 4 parcs à brouter successivement pour parcourir toutes cette parcelle. De quoi passer quelques semaines sereinement du côté des brebis comme des agriculteurs !